Je coopère, tu coopères, il …
Petit, je dessinais déjà des cartes. Toi, tu jouais sûrement sur la plage. Adulte, j’ai tenté l’aventure de la coopération. Toi, tu es devenu un de mes collègues. Aujourd’hui réunis, je mesure le poids de mes propres valises.
Je suis cartographe. En France, j’ai appris à faire de belles cartes (la ‘TOLES’ ! Ne jamais oublier la ‘TOLES’!).
Je suis venu au Sénégal, nous avons fait connaissance et nous avons commencé à travailler ensemble. Tu me fournissais des données brutes que je transformais en cartes. Tu me disais qu’elles étaient magnifiques nos cartes. Tout le monde nous félicitaient pour nos cartes. Fort de ce succès, nous avons continué nos cartes d’arrache-pied.
Jusqu’à ce que … je me rende compte que tu ne savais pas lire nos cartes. Que vous ne saviez pas lire mes cartes. Que mes cartes, c’étaient juste du beau sans réelle signification. Que mes cartes ne révélaient aucun contenu. Du chinois, voilà ce qu’étaient réellement mes cartes …
Heureux et fâché : heureux de m’en être aperçu tôt, fâché de ne pas avoir fais attention.
Pourtant j’ai réalisé des cartes que je trouvais simple, sans traitement compliqué. J’ai fait des cartes de « toubab », pas des cartes de sénégalais. Ce n’est pas la mise en forme qui est en cause, mais les repères spatiaux.
J’oriente donc mon travail sur les cartes mentales. Je demande à mes collègues de me dessiner leur trajet pour venir à la mairie, et de marquer les repères clés. Le socle spatial est à refaire. Il faut repenser les repères, la sémiologie, tout !
De nouvelles questions méritent réponses. En France on produit généralement des cartes ‘feux rouges’ (vert c’est bien, rouge pas terrible). Mais dans un pays où ils sont inexistant ou bien grillés en permanence, est-ce la bonne solution ? Dans un pays ou la publicité est omniprésente, le logo d’une station-service ne devient-il pas un bon point de repère ?
Véritable plongée dans le quotidien de chacun de mes collègues qui redonne un souffle très intéressant à mon travail. Je continue mon adaptation. J’avoue que ce travail est passionnant.
Je ne m’étais pas rendu compte que ces acquis encombraient ma valise. Aujourd’hui, je me dois d’en renvoyer certains en France.
A cet article, je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de partager ces photos. Pas de raison particulière, si, peut-être une, un côté contemplatif et méditatif.
belle série !
Nous montrerais-tu quelques-unes de tes productions cartographiques avant/après ta prise de conscience de la difficulté à être compris ?
Promis, je vais vous montrer !
Salut Paul!
jolie réflexion pleine de bon sens!Remettre en question son travail et ce que l’on a appris n’est pas toujours facile et donné à tout le monde alors chapeau!!
Yep je suis d’accord avec Antoine, ça serait chouette de voir le avant/après !
L’effet des vagues rend vraiment bien, tu crées un univers onirique vraiment chouette.
salut paul! moi aussi je serais curieuse de voir ton travail cartographique. belle série de photos en tout cas. est-ce qu’elle reflète un brin de solitude?
Peut-être. Une attente aussi, une attente de revoir qui tu sais !
la 1 est trop serrée
la 2 est bien mieux, on peut voir des chevaux!
la série est vraiment très belle
je voulais dire un truc intéressant sur les cartes mais je m en rappelle plus !
Salut Paul,
Je trouve ce billet très très intéressant, étant moi-même cartographe, ces différences de vision sont des notions à ne pas perdre de vue. Et cette découverte t’est apparue (et me serait tout autant apparue) comme très enrichissante. C’est vrai qu’en France la science cartographique est très cadrée (les études de sémio, ça reste !) et suit des tendances bien précises ! Comme quoi c’est important d’aller voir ailleurs. 🙂
Vincent