Tabaski

ou Aīd al-Kabīr.

Sans doute la fête la plus importante pour la communauté musulmane. Au Sénégal et dans toute l’Afrique de l’Ouest, elle s’appelle la Tabaski.

Souvent, on l’associe à l’égorgement du mouton. Un peu simple comme interprétation. Non, l’histoire est plus intéressante et surtout révélatrice d’un « facteur commun » entre trois religions (je ne m’en souvenais plus ! Et vous ?).

Cette fête commémore la soumission d’Ibrahim ou Abraham. Oui ! L’histoire d’Abraham est commune aux religions chrétiennes, juives et musulmanes ! Rappelez-vous (du temps de mère poule) ! Lorsque Abraham, sur ordre de Dieu, accepte d’égorger son fils, l’archange Gabriel change au dernier moment l’enfant en un bélier. Les musulmans sacrifient ici un bélier en souvenir. Pour les détails techniques, l’égorgement doit être parfait. La viande est ensuite consommée, gardée et surtout offerte aux pauvres, voisins, collègues, etc …

C’est à cette fête que j’ai été invité.

La mairie a offert aux personnes les plus pauvres de l’institution des moutons. Une immense fête à laquelle j’ai été convié.

J’ai apprécié l’ambiance : très coloré, jovial et de bonne humeur. Malheureusement mon reportage a vite cessé. Mon pantalon s’est déchiré de la braguette au trou du c** alors que j’étais au premier rang accroupi. Une sénégalaise me l’a dit discrètement. Je suis parti précipitamment,  les jambes serrées, un peu honteux. Abdou m’a alors interpellé :

– Paul tu t’en vas ?

– Oui, regarde !

– C’est pas grave, maintenant tu es un vrai photographe, tu vas au combat !

Il avait raison … mais pas suffisamment !

Jour J

Je suis invité par Mame Fatou, j’y vais un peu angoissé. Beaucoup de Français m’avaient prévenu sur la sauvagerie, le sang, la puanteur, la médiocrité gustative de la viande car juste tuée …

Sur le chemin, de nombreux Sénégalais creusent des trous pour y enterrer les parties non comestibles du mouton, d’autres sur le bord de la route s’activent à la machette à découper la carcasse. J’ai un peu peur.

J’arrive. Mame Fatou est en pleine cuisine. Ca sent bon. Je suis accueilli par toute la famille avec le sourire. Je me trouve dans un des quartiers le plus populaire de Dakar. Assis, je regarde et discute tranquillement avec mes hôtes jusqu’à ce que je rate la photo de ma vie… Un enfant rentre et demande l’aumône. Monsieur Sène accepte. Il s’approche des abats et d’un geste sûr coupe les deux testicules du mouton. L’enfant en a un dans chaque main. Heureux, il repart avec le sourire.

Un instant, j’ai imaginé la tête de Paulin à la place de l’enfant …

Le plat arrive. Mame Fatou m’a préparé une partie moins épicé. C’est très bon. Pas sec du tout. J’apprécie et me régale ! Comme quoi, j’ai de la chance que ma collègue soit une bonne cuisinière ! Je mange, tout le monde me donne des morceaux de viande. Nous mangeons dans un immense plat commun.

A la fin du repas, je m’assois en terrasse et regarde les gens dans la rue en sirotant les trois thés réglementaires. C’est chouette et dépaysant, je discute avec Monsieur Sène. Un peu somnolent, je m’endors aussi avant d’être réveillé par des cris d’enfants : « toubab, toubab ». Tous les sénégalais me saluent et me proposent à manger ! Une belle ambiance. Sauf pour mon ventre qui très tendu !

Bref, un chouette moment ! Assurément ! « Neeron naa trop ! »

PS : Anne, tu corrigeras les fautes, comme la dernière fois ! 🙂

PS bis : Ayé, mais il en reste peut-être encore…

7 réponses
  1. Antoine
    Antoine dit :

    Savoureux article !

    Tabaski mis à part, as-tu été malade à d’autres occasions à cause de l’eau ou de la nourriture à laquelle nos intestins aseptisés ne sont pas forcément habitués ?

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  2. Simon Le Neindre
    Simon Le Neindre dit :

    Ne sois pas frustré de « rater des photos » ( ; ces moments sont si précieux et personnel, tu n’aurais pas pu en profiter autant avec l’objectif en main !
    merci pour ces beaux partages…
    biz

    Répondre
  3. Maïté
    Maïté dit :

    Oui, merci Paul, grâce à toi on fait des sauts dans des univers complètement différents de notre quotidien, et ça fait du bien de de se rappeler qu’il y a beaucoup de façons d’habiter notre terre… Heureusement!

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